Noël à contre-pied
« Il vous est né aujourd'hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur; et voici le signe qui vous
est donné: vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire» (Luc 2, verset 11).
Ces paroles ont-elles encore un sens
pour nous aujourd'hui? Comment réussit-on à les vivre dans la réalité des fêtes de Noël? Il n'est pas si simple de faire le lien entre ce qui s'est passé il y a 2012 années, et aujourd
'hui. Et
pourtant, en tant que chrétien, c'est bien le défi qui nous est lancé à chaque Noël.
« Elle le déposa dans une mangeoire parce
qu'il n'y avait pas de place pour eux dans la salle d'hôtes», explique Luc.
Pour le Sauveur du monde, il n'y a pas
de place. En réalité, en choisissant l'Incarnation et la pauvreté, Dieu choisit d'être un
Dieu qui vient comme s'il ne l'était pas! C'est un enfant pauvre et impuissant qui se révèle comme le vraiment Puissant, comme celui, en fin de compte, dont tout dépend. Cela nous renvoie au
renversement des valeurs dont est porteur le message chrétien et nous invite à entrer dans une autre lumière sur le monde.
Et si nous faisions du 25 décembre la date de mise en pratique de ce renversement? A l'instar de Dieu lui-même, pourquoi
ne pas envisager de vivre les fêtes de Noël «à contre-pied»? En nous rappelant que le Royaume de Dieu n'est pas à chercher dans une réalité extérieure, mais dans le domaine du spirituel, en
chacun de nous. Et que Dieu, en naissant pauvrement, ne s'impose pas, et ne s'imposera jamais aux hommes. Il est offert. A nous de le
recevoir. Tout premier cadeau sous le sapin.
Noël à contre-pied! Mais aussi, l'occasion d'un réel christianisme en
fête. Pour trouver la racine profonde de la joie de Noël, il faut l'unir à Pâques, cette victoire de l'amour humble et pauvre. Alors, dans la lumière de
la Résurrection de Jésus, jamais guirlandes,
houe,
gui, bougies, bûches ne célèbreront assez cette victoire. Saisissons donc l'opportunité d'une sortie
d'un
christianisme parfois trop culpabilisant, engoncé, craintif, austère pour entrer dans le rayonnement
communicatif d'une joie profonde et vivante qui s'incarne réellement.
Parce qu'à Noël, Dieu embrasse l'humanité et l'aime, pourquoi ne pas faire de cette fête un espace symbolique et vrai où nous accepterions enfin de nous «lâcher un peu», et d'être véritablement des chrétiens joyeux?
Elise Perrier, rédactrice responsable de La Vie protestante