En face de moi

Publié le par nathalie-16

Je suis assise dans le train en direction de Samarcand. Le soleil descend lentement derrière les collines ouzbèkes, drapant les steppes d’une lumière dorée.
 

En diagonale de mon siège, il y a un carré de quatre places. Une femme s’y trouve. Elle doit avoir vingt, peut-être trente années de plus que moi. Son visage est un parchemin — chaque ride semble écrire une histoire que je ne connaîtrai jamais, mais que j’imagine riche, intense, habitée.

 

Elle est montée en même temps que moi, et pourtant, je ne sais rien d’elle. Pas où elle va, ni pourquoi. Mais il y a quelque chose dans son regard — un éclat, un feu tranquille, un soupçon de malice — qui me bouleverse. Son visage résonne. Il pétille d’un calme ancien, d’une joie discrète, d’une tendresse vive. Je l’imagine plus jeune, entraînant ses sœurs ou ses amies dans mille jeux, rieuse, indocile, un peu trouble-fête, mais dans le genre qui rassemble, qui réchauffe.

 

Son sourire est discret, mais contagieux. Je me surprends à sourire moi-même, sans raison, juste parce qu’elle est là. C’est fou comme certains visages peuvent nous apaiser, nous faire du bien, sans un mot.

Et encore une fois, je me retrouve incapable de parler. Comment franchir cet espace invisible entre elle et moi ? Comment entrer en contact sans briser la magie ?

 

Dehors, le ciel s’enflamme de couleurs pastel. Le monde ralentit. Ma petite dame mange un morceau de poulet, calmement, en regardant par la fenêtre comme si elle y voyait un souvenir. Alors je me lance. J’essaie de la photographier.

 

La photo sera peut être un peu floue. Mais qu’importe. Elle est magnifique. Elle est là. Elle est paisible. Et dans ce wagon qui file vers Samarcand, c’est comme si le temps avait cessé d’exister.

Grâce à elle, le voyage passe plus vite, et mon cœur, lui, s’attarde.

En face de moi
En face de moi
En face de moi
En face de moi

Publié dans Voyage

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