Ma vie Suite 3
J'ai rencontré un jeune homme qui venait du Brésil pour faire son armée en Suisse en hiver 1985 !
Vous vous rappelez ce fameux hiver oû nous avons eu plein de neige et très froid. Jean-Marc a souffert du froid et depuis il n'aime pas être en dessous d'une certaine température.
En octobre 1990, nous nous sommes mariés, cela va faire 24 ans ...Nous sommes allés nous installer à Nyon pour une année puis à Lausanne. Quel changement pour moi, de me retrouver dans une ville de "campagne". Après 3 ans d'activités professionnelles, nous avons décidé de faire une formation théologique à l'institut biblique de Genève. A la fin de la première année, Jonathan est arrivé par la grande porte et nous avons dû nous former en plus à notre nouvelle fonction de parents. Pendant ces 3 années de formation, nous avons passé presque 2 ans dans les Vosges en France.
Là, dans les Vosges, nous étions en formation, avec une famille de trois enfants, les Herrmann. Avec nous il y avait aussi une autre famille en formation.
Ce fut une expérience de vie assez marquante.
Nous avons appris énormément de choses, comme le jardin, les champignons le marché, l'évangélisation, les visites, le culte, le groupe de jeunes, les enfants, les camps...
A chaque retour en Suisse, tous les 3 mois environ, avec notre Peugeot 505 break, nous apportions du fromage pour nos familles, nos amis, mais pas n'importe lequel ! Du Munster ! Ben oui, un bienfait avec du pain et du vin, c'est un régal. En arrivant à la douane de Vallorbe, il nous fallait bien, même très bien aérer la voiture, car l'odeur du fromage, aurait pu nous rendre coupables de transport illégal !!
Un peu avant la fin de notre formation, je suis revenue à Genève pour la naissance de Fabien. Nous n'avons pas trouvé le mode d'emploi pour faire une fille, mais deux garçons m'allaient très bien, moi qui aie toujours eu un petit côté "garçon manqué"
Pendant notre formation théologique, le projet de partir à l'étranger comme missionnaire a grandi dans notre coeur.
Et ce fut un vrai défi, préparer un départ de l'autre côté du monde avec deux petits-enfants, ne fut pas tout simple, mais en novembre 1996, nous sommes partis les 4 en Bolivie
Notre voyage pour rejoindre la Bolivie, nous a fait faire un petit détour par l'Argentine, c'est bien moins cher, mais quelle horreur, autant d'heures dans les avions. Nous sommes arrivés à La Paz, mort de fatigue et seul au monde dans un endroit qui nous était complètement inconnu. Ce fut ma première déception...on nous avait oubliés.. ou plus exactement le responsable s'était trompé de jour.
Nous y avons passé une grosse semaine pour mettre en ordre nos papiers.
Mais à La Paz, nous avons découvert le mal d'altitude, comme le mal de mer, horrible, affreux, tu as juste l'impression de mourir. Heureusement il y a le thé de coka. oui, j'ai bien dit la hoja de coka. Cela n'est pas de la drogue, mais c'est la feuille utilisée correctement.
La prochaine x que tu viens me rendre visite ici à Genève, je t'offre volontiers une tasse de coka.
Une fois nos papiers en ordre, avec quelques pourboires, nous sommes donc descendu pour Reyes dans le département du Beni. Il faut savoir que La Paz est à 4'000 mètre et Reyes à 400 mètres.
Là, les choses ce sont un peu, voire même beaucoup compliquées pour moi. Je te donne un exemple simple. La première fois que je suis allée acheter ma viande, je me suis retrouvée devant une moitié de vache, alors comment choisir son morceau. Par la suite, j'ai appris en espagnol, le filet et le faux filet et c'est ce que nous avons mangé pendant nos 4 ans. Et quand je suis allée acheter du pain, j'ai juste fait une proposition indécente au boulanger devant sa femme, heureusement nous en avons rigolé, mais pas simple de comprendre la vie, les coutumes et la culture.
Nous avons dû attendre une année pour pouvoir avoir un téléphone dans notre maison. J'ai découvert plein de choses nouvelles et des gens fantastiques. Nous avions une grande liberté dans notre travail à coté de l'église. Pour ma part, j'ai fait du jardin et vendu des légumes, j'ai donné des cours de français, j'ai fait des piqûres et des soins, nous avions une librairie et la seule photocopie du village, bref ce fut une vie intense et nos enfants avaient plein de copains, copines. Jonathan est même allés à l'école et il y reçut une mauvaise note de gym, car il avait les ongles sales ! Ne cherchez pas à comprendre à ce jour, je ne sais toujours pas le pourquoi.
Heureusement, j'ai pu compter sur l'aide de plusieurs dames qui m'ont beaucoup aidé dans mon intégration. Je pense à Maria Delma, Jeny, Cheneca, Deira, Bella, elles ont été là pour répondre à mes questions et m'aider dans le courant de la vie.
Il faut dire que nous n'avions pas d'électricité tout le temps. Sans compter que si la route était coupée et bien il n'y avait plus de ravitaillement et en saison des pluies, toutes les routes du département sont navigables !
Les cafards étaient énormes, les mygales affreuses et les serpents m'ont toujours glacé le sang.
Quand j'ai dû par la force des choses visiter l'hôpital avec Jonathan qui s'était ouvert le genou et que j'ai vu l'infirmière sortir d'un bocal avec un liquide brunâtre un fils pour recoudre mon fils, j'ai prié mais alors vraiment très fort pour que tout se passe pour le mieux et il n'y a pas eu de problème. Et que dire le jour où j'ai changé la couche de Fabien et qu'un énorme vers m'a regardé, j'ai cru mourir.
Nous avons aussi expérimenté divers moyens de transport, l'avion avec les militaires, le bus, la moto, les 4 dessus et par la suite nous avons pu avoir un véhicule 4X4, bien utile, car les routes n'ont rien à voir avec nos routes goudronnées. J'ai même conduit sur une partie du "camino de la muerte" ! C'est la route qui relie La Paz aux Yungas. Je vous laisse chercher des infos sur internet, mais cela fait un peu, voir très peu
Dans le village de Reyes, nous étions déjà dans le bassin amazonien et donc nous avions un climat tropical et qui veut dire tropical, et bien, veut dire que nous avions tous les fruits, comme les mangues, les papayes, les oranges, les pamplemousses roses, les chirimoyas et j'en passe, nous avons fait des indigestions de fruits. Cela nous aidait à compenser le peu de légumes, malgré que mon jardin donnait super bien.
J'ai aussi découvert la nourriture typique et je me suis mise à faire des empanadas, des cunapés du pico matcho... Mais je ne suis jamais arrivé à boire la chicha, trop sucré.
Et je vous passe, les bestioles dans la farine, les pâtes, le riz, bref tout les 6 mois on prenait un vermifuge !! Et vous comprenez aussi pourquoi, je n'allais jamais à l'abattoir
Pour mes soeur de Reyes qui ont du passer un mois dans l'eau à cause des innondations.