MON PARC
Je suis allée m’installer dans le parc juste à côté de mon immeuble. C'est un parc magnifique, avec des arbres exceptionnels, il faut dire que ce parc, il y a bien des années était l'école d'horticulture, alors il vous est facile d'imaginer les diverses espèces qui ont été plantées à l'époque, bref c'est un magnifique parc.
Je me suis installée sur un banc afin de travailler au grand air. Et c'est à ce moment qu'une petite fille avec sa belle robe rouge, a voulu faire un exploit sur la rampe de skate, juste en face de moi. Et ce qui devait arriver, arriva, elle s'est prise une bonne gamelle, suivie par un hurlement.
Je crois que sous la peur le père, qui a couru vers elle, l’a fortement reprise, si bien qu'elle s'est mise à faire une crise, alors le père, dans un geste de grand héros a pris sa ceinture et il voulut, lui faire comprendre de se calmer. A ce moment, heureusement, il m'a vu et il a dû se rendre compte de la stupidité de la scène et surtout des soucis que je pouvais lui faire, s'il employait sa ceinture sur cette enfant. Alors il s'est calmé, ce qui a eu pour conséquence de calmer la petite. Ouf, pour ma part, j'ai eu peur.
Après cet incident, je me suis mise au travail, mais il ne fallut pas beaucoup de temps pour qu'une autre fille plus grande, (décidément il faut croire que les filles ne sont plus justes avec une poupée) arriva sur sa trottinette avec force et vitesse, elle s'arrêta à ma hauteur se retourna et cria à son père :
- " Alors tu te dépêches papa, je ne vais pas passer mon temps à t'attendre".
En regardant dans la direction où elle criait, je vis surgir un homme assez jeune dans une chaise roulante électrique, j'avalais ma salive de stupeur, écarquilla les yeux, afin d’être certaine de bien voir, je regardai de nouveau la fille qui insista auprès de son père :
- "Mais Papa, tu peux couper à travers la pelouse, pour me rejoindre plus vite".
Le papa passa à côté de moi, me fit un petit signe de la main, avec un sourire en coin pour me faire comprendre qu’il ne fallait pas s'inquiéter.
À quand une course chaise roulante contre trottinette ! j’étais estomaquée.
Le papa prit un virage très serré et il passa si proche d’un couple âgé qui était assis sur un banc juste plus loin. La dame qui avait une canne l'a brandi et dans un geste d'énervement, elle frappa l'homme dans sa chaise roulante. Celui-ci fut tellement surpris qu'il s’arrête net, fit un demi-tour se met face de la dame et lui dit :
- " Mais vous êtes complètement folle, Madame, on ne frappe pas un homme dans sa chaise roulante."
La dame lui répondit sans perdre son sang-froid :
- " Vous vous croyez où, Monsieur, j'ai aussi droit à avoir du respect de votre part, avec ma canne, je suis aussi handicapée et vous ne pouvez pas vous permettre ce genre de chose, nous ne sommes pas sur un circuit de formule un !".
Comme sa fille s'impatientait, il n'insista pas, il se remit à la poursuite non du vent, mais de sa fille.
A ce moment-là, arrive trois dames qui se sont installées sur le banc à côté. Celle au petit chien se levait à 7 heures du matin et elle allait faire deux fois le tour du parc pour que son chien puisse faire ses besoins, (mais heureusement c'était un animal facile et docile, il pouvait rester des heures sans sortir), puis elle revenait chez elle prendre un bon déjeuner, elle se préparait ses céréales avant sa douche de cette façon, elles étaient assez molles pour être mangée une fois la douche terminée.
Puis, elles ont refait le monde de la chanson, en passant par Johnny, Serge Lama, Claude François et j'en passe. Car à force d'écouter Option Musique, elles arrivaient à entonner les chants, ce qui je crois me décourageât complètement sur le fait que j'étais venue là, pour travailler !
Par la suite, j'ai eu le droit à la séance café et l'utilisation des capsules, pourquoi cette couleur et pas une autre, mais je dois bien l'avouer, j'avais des vraies expertes en café devant moi.
Je finis par apprendre leurs âges, deux dames étaient de 1939 et la troisième, donc celle du petit chien, de 1940. Toutes avaient été mariée, mais leurs conjoints étaient décédés depuis pour toutes un certain nombre d’années.
Il commençait à se faire tard, il me fallait songer à rentrer, je rassemblais mes affaires, me leva et en passant devant les trois dames je ne pus m'empêcher de dire :
- " Au fait, Mesdames, 1965 est aussi une bonne année, bonne soirée ».
Au final, je n’ai pas travaillé, mais j’ai passé un moment succulent à voir tout ce monde dans mon parc.
Photos, fin de semaine des Bergères, Montmirail, Don Camillo.
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